Encore un roman sélectionné au plib 2020 que j'aurais lu quoiqu'il arrive. En effet, je suis assidûment les sorties de Jean-Laurent Del Socorro depuis que j'ai eu un coup de cœur pour Boudicca. (Je crois d'ailleurs que je suis actuellement en retard sur une ou deux publications mais je vais arranger ça).
Ce roman raconte la guerre de sécession. Nous suivons différents personnages, historiques ou inventés à travers les 4 années sanglantes qui ont divisé les États Unis d'Amérique.
12 avril 1861. 4h30. Fort Sumter, Charleston
Ceux qui déclenchent les guerres ne sont pas ceux qui en comptent les morts. Moi, je suis trop conscient de ce qui va arriver si je tire sur le fil relié à mon mortier. Je n'en veux pas de ce conflit entre le Nord et le Sud.
C'est un roman un peu différent des premiers que nous a écrit Jean-Laurent Del Socorro. Alors que dans les deux premiers romans nous suivions plutôt des personnages (historiques ou pas) et leur histoire à eux, ici nous suivons vraiment la Guerre de Sécession. Dans ce roman, les personnages se suivent et apportent leur petite pierre à la grande Histoire. Le personnage principal est la guerre elle-même. Cela n'empêche pas de suivre des personnages du début à la fin et de s'attacher à eux très facilement, ou pas du tout pour d'autres.
On retiendra quand même les chapitres où l'élément fantastique est présent : les chapitres avec Abraham Lincoln en personne dans son bureau en compagnie de la Mort. Ces chapitres sont particuliers et géniaux. La Mort fait le décompte des victimes décédées lors de cette guerre devant le président. Elle représente sa conscience et rappelle à cet homme les conséquences de ses décisions. C'est malin et pour le coup, nous sommes devant un vrai roman fantastique : la Mort est-elle vraiment dans ce bureau ? N'est-elle pas née de l'esprit d'Abraham ? Ces chapitres voient un président face aux conséquences de chacune de ses décisions. C'est intéressant parce qu'il doit jongler entre ses convictions et les choix difficiles que demande une guerre.
Ce roman pourrait être utilisé comme documentaire. En effet, nous sommes bel et bien dans une fiction puisque des personnages sont inventés et l'auteur invente des pensées et des dialogues aux personnages historiques également. Néanmoins, le cours de cette guerre est suivi presque jour par jour. L'auteur a d'ailleurs incorporé des extraits de lettres, journaux et autres documents réels qu'il a traduit lui-même. On sent qu'il s'est beaucoup documenté et il a réussi à raconté cette guerre complexe de façon très compréhensible. Personnellement, j'aimerais beaucoup que d'autres conflits soient racontés de la sorte afin de comprendre tous les enjeux de certains moments clés de l'Histoire. Et puis c'est vrai que l'Histoire des Etats-Unis d'Amérique est très peu étudié en France. Personnellement, elle m'intéresse beaucoup. J'ai appris beaucoup de choses en lisant ce livre, comme par exemple le fait que des femmes s'étaient engagées comme soldates et même des femmes noires. On peut le comprendre puisque l'enjeu de ce conflit est l'abolition de l'esclavage.
Même si ce roman nous montre cette guerre de façon précise qui m'a fait pensé à un docu fiction, la jolie écriture poétique de l'auteur est présente. C'est quelquefois si doux et mélancolique. C'est ce qui fait qu'on peu ressentir de l'empathie pour certains personnages. Nous ne les connaissons pas beaucoup mais leur voix peut parfois être puissante. C'est exactement ce que j'aime dans les romans de cet auteur. Il a cette façon de raconter des histoires personnelles de façon très sensible et c'est tout simplement beau.
Ce roman a sa place dans la sélection du plib et il est l'une de mes deux meilleures lectures pour les finalistes de ce prix. Qui aura ma voix ? Je ne sais pas encore ! En tout cas, je vous encourage à lire Je suis fille de rage si vous vous intéressez à cette partie-là de l'Histoire des Etats-Unis. La qualité est au rendez-vous !
Je suis fille de rage
Jean-Laurent Del Socorro
ActuSf, 2019
#ISBN9782366294774
Pour le coup, je t'ai copié, je l'ai aussi écrit aujourd'hui. Belle chronique, me réjouis de voir ton vote ;)
RépondreSupprimer