vendredi 27 mars 2020

Mers Mortes - #PLIB2020


Après ma lecture assez mitigée du Dieu Oiseau pour le Plib 2019, je n'avais pas vraiment envie de lire Mers Mortes de la même autrice. Mais, il se trouve que ce roman fait partie de la sélection du prix Imaginales des bibliothécaires (festival annulé mais prix conservé !) ainsi que dans les finalistes du Plib 2020. Mon destin était scellé, je devais lire ce roman... 

Dans ce futur où les mers ont disparu, Oural est le seul rempart de son bastion de survivants face aux marées hautes fantômes
dans lesquelles les esprits des animaux marins reviennent pour dévorer les âmes des humains. Oural est un exorciste, un homme au pouvoir de repousser les fantômes. Un jour, un groupe de pirates débarque au bastion pour enlever Oural afin qu'il les aide à mener à bien une mission capitale. 

Premières phrases : Oural s'accouda aux créneaux de la forteresse, ses avant-bras tatoués appuyés contre la pierre ocre et rugueuse, chaude de soleil. Le désert s'étendait depuis les remparts jusqu'à l'horizon tremblotant de chaleur. Difficile d'imaginer qu'il y a encore quinze ans de cela, une mosaïque de prés salés et de prairies inondées bordées de roseaux entouraient la citadelle

Bon, je ne vous cache pas que je partais un peu négative en lisant ce roman. Je déteste devoir lire un livre que je ne voulais pas du tout lire. Mais je n'étais pas non plus complètement saoulée par cette lecture car je me souvenais que la lecture du Dieu Oiseau n'avait pas été une corvée. En vrai, l'écriture d'Aurélie Wellenstein se lit très bien. 

Cette lecture a été assez fluide, j'ai très bien avancé, les pages se tournaient bien. Mais cette lecture n'a pas été parfaitement bonne. Elle confirme que je n'aime pas tellement les histoires qu'invente l'autrice. 

Pourtant cela partait plutôt bien. Je préfère le préciser afin de vous montrer que ce n'est pas mon état d'esprit négatif qui a pris le pas. En effet, même si j'ai rechigné à l'ouvrir, lorsque je l'ai commencé j'ai été intriguée très rapidement. L'univers créé est intéressant. On part sur une vraie catastrophe, un monde mourant. Il n'y a plus d'eau et l'humanité est en sursis. Le postulat de départ m'a embarquée très vite. J'avais envie de voir comment l'autrice allait faire avancer son intrigue dans ce monde si hostile.

Très vite, elle fait intervenir des pirates. Alors là ! Elle sait comment me parler ! J'adore les pirates ! Et ils sont vraiment pas mal ces pirates... ils sont sans scrupules, féroces, malins. J'ai vraiment adoré le capitaine de cet équipage : Bengale.

Bengale est pour moi le meilleur personnage de ce roman. Je l'ai adoré. Il a un objectif et il ne laisse rien se mettre entre lui et cet objectif, quitte à sacrifier des vies. Il a un lourd secret que l'autrice nous dévoile tout doucement au fil de son récit. Cela a apporté de la profondeur à la situation. 

Au contraire, Oural est un personnage qui m'a énormément énervé. Alors, Aurélie Wellenstein a certainement voulu le fabriquer de manière si agaçante mais ce personnage m'a de nombreuse fois fait soupirer. Il est toujours hésitant. Au moment où il prend une décision, vous pouvez être sûrs qu'il va en douter quelques pages plus loin. Et au final, je trouve qu'il n'a pas servi à grand chose... 

J'ai adoré aussi la delphine fantôme. Elle est très attachante et son histoire est très attendrissante. Elle a une relation spéciale avec Oural, en tout cas on nous le dit. Mais je n'ai pas ressenti cet attachement et d'ailleurs la fin concernant cette delphine m'a vraiment déçue. 

Je vais maintenant venir à la chose qui m'a le plus dérangé dans ce roman. Je vais sans doute être bien bavarde sur ce sujet car il implique d'expliquer pas mal de choses. Je trouve que ce roman est culpabilisant. Et je suis persuadée que le sentiment de culpabilité est un sentiment négatif qui ne devrait pas être utilisé pour faire passer un message. Ce n'est que mon opinion bien sûr. Je trouve que faire naître un sentiment de culpabilité c'est un peu comme insulter les lecteurs. C'est très négatif. Je n'ai pas envie de lire un livre et d'être accusée pour des choses dont je ne suis pas coupable pour la plupart des cas. Et pour les cas où je fais des choses qui peuvent être mauvaise pour l'environnement, je préfère que l'on m'explique les choses de façon raisonnée plutôt qu'on fasse naître ce sentiment qui dit "ce que tu fais tue, tu es une meurtrière".  

Comment l'autrice met ça en place ? Plusieurs fois dans le récit, Oural rêve. Dans ses rêves il devient un animal marin qui subit des sévices. Par exemple, il devient un dauphin qui se fait avoir dans le piège hautement scandaleux de la coutume des Îles Féroé. Vous savez, cette coutume qui consiste à emmener des milliers de dauphins sur une plage pour les massacrer tous. Je suis complètement de l'avis de l'autrice : c'est abominable. Ces passages ne me dérangeraient pas tant que ça (même s'ils sont compliqués à lire) car ils peuvent avoir cette portée informative que je préfère. Mais à cela s'ajoute tout au long du roman les paroles de Bengale, un personnage censé être positif, qui dit que c'est la faute des humains, et qui passe sont temps à nous accuser nous, humains d'aujourd'hui. Ce qui fait, que plus d'une fois, je me suis sentie mal. J'avais l'impression d'être mauvaise. Pourtant, sensible à la cause écologique, je fais de mon mieux pour m'améliorer. Or, dans ce roman, l'autrice ne nous donne aucune solution.

Je trouve ça insensé que moi, qui essaie de faire des efforts, qui me tourne vers le zéro déchet petit à petit (dans la limite de mon budget à chaque fois), puisse ressentir ce sentiment de culpabilité en lisant un roman. Et je pense que la majorité des gens qui décident de lire ce livre, doivent être dans ma situation. Et si jamais une personne n'ayant pas (encore) une conscience écologique décide d'ouvrir ce livre, elle trouvera une accusation et pas de solution pour faire mieux. C'est bête !

Après, il se trouve que ce roman trouve son public et qu'il ait son petit succès. C'est sans doute ma sensibilité qui est heurtée et tant mieux. Si le message passe très bien auprès des autres, alors c'est positif car Aurélie Wellenstein milite pour une noble cause. Il se trouve que du coup... le livre ne soit pas bien passé auprès de moi. 

Question de la fin : Avez-vous des idées de romans qui traitent d'un sujet écologique sans culpabilisation ? 

Mers Mortes
Aurélie Wellenstein
Scrineo, 2019
#ISBN9782367406602 

1 commentaire:

  1. Pas facile cette question... Je pense à plein de romans sur le même thème mais étaient-ils non culpabilisants ? J'ai pensé à Dry de Neal Shusterman sur un thème un peu similaire mais je ne me souviens pas s'il est moralisateur ou pas. Je me souviens très bien d'avoir fortement pensé à ma façon de consommer en le lisant, alors peut-être qu'il l'était un peu !

    RépondreSupprimer