mercredi 23 juillet 2014

Grâce et dénuement

 

Le milieu gitan est un milieu que je ne connais pas du tout. Je vois ce qu'on nous dit dans les médias, mais comment penser que la vision qu'on nous donne de ce peuple nomade est objective? Alice Ferney est un auteur dont j'entends beaucoup de bien et comme ce roman traite de ce sujet, j'ai été intéressée.
 
Une bibliothécaire décide d'entrer dans un camp gitan pour lire des histoires aux enfants. Elle fait connaissance, tout doucement, comme le lecteur, des coutumes et des mentalités gitanes.
 
Premières phrases: Rares sont les Gitans qui acceptent d'être tenus pour pauvres et nombreux pourtant ceux qui le sont. Ainsi en allait-il des fils de la vieille Angéline.
 
J'ai pris peur au départ car même si ce roman était tout petit, moins de 200 pages, l'écriture était minuscule et toute serrée dans mon édition. Je me suis dit que si la lecture ne m'accrochait pas rapidement, j'allais avoir beaucoup de mal à continuer la lecture. Et puis finalement, j'ai été prise dans l'histoire naturellement.
 
Angéline est la matriarche de ce clan, la clé de voûte de cette famille. Elle vit dans ce terrain abandonné avec ses fils et leurs femmes et enfants. C'est mon personnage préféré car elle arrive à unifier cette famille qui pourrait partir dans tous les sens sans elle. Elle a des réflexions intelligentes, mais il lui arrive de fermer les yeux sur certains agissements de ses fils. Je pense que c'est le personnage le plus travaillé et le plus complexe de ce roman.
 
Esther, la bibliothécaire qui suit leur évolution à travers les histoires qu'elle apporte aux enfants, est très optimiste, voire parfois naïve. Elle arrive avec pleins de bonnes intentions, elle se fait souvent insulter mais tient bon pour apporter quelque chose que les enfants n'ont pas: les contes et la curiosité qu'ils apportent avec eux. Je trouve dommage de ne pas en savoir plus sur elle, ou de ne pas la voir plus active. Active, elle l'est bien entendu car elle essaie de bouger pour aider cette famille à s'intégrer et à évoluer. Mais elle est aussi la spectatrice passive de ce qui se passe dans ce camp.
 
Et il s'en passe des choses dans ce camp. Beaucoup de drames et quelques moments joyeux. J'ai aimé vivre avec cette famille tous ces moments, voir leurs réactions ou leur absence de réactions. Par contre, je me demande encore dans quelle mesure ce roman est objectif. Est-ce qu'Alice Ferney a peint cette famille telle qu'est une famille de Gitans ou a-t-elle exagéré des choses? Une chose est sûre, nous n'avons jamais pitié. Nous découvrons des côtés négatifs qu'on ne voit que trop dans les médias mais aussi des côtés positifs ou de simples constatations.
 
En bref, c'est un roman que j'ai trouvé très beau. Je ne sais pas si je me souviendrai encore de lui dans quelques temps mais il est agréable à lire et surtout intéressant.
 
Grâce et dénuement
Alice Ferney
J'ai lu, édition 2002


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