jeudi 4 juillet 2013

Ce qu'ils n'ont pas pu nous prendre


Voici un livre qui ne me tentait pas trop. La couverture est jolie mais ne me donnait pas trop envie de le lire. Et puis ce sujet n'est pas un sujet vers lequel je me tourne forcément pour mes lectures. Mais bon, ce livre a eu beaucoup de succès et il est dans un des baby challenge alors il fallait bien que je le lise!
 
Lina, une jeune lituanienne, est un jour emmenée de force par les soviétiques qui contrôle le pays. Elle nous raconte dans ce livre sa déportation à travers la Sibérie en compagnie de sa famille et de leurs efforts pour survivre.
 
Premières phrases:
Ils m'ont arrêtée en chemise de nuit.
Quand je repense à cette terrible nuit, je suis bien obligée d'admettre que les signes avant-coureurs n'avaient pas manqué : on avait brûlé des photos de famille dans la cheminée, tard dans la soirée, j'avais surpris Mère à coudre à l'intérieur de la doublure de son manteau ses plus beaux bijoux et ses plus belles pièces d'argenterie ; Père n'était pas rentré de son travail. Mon petit frère, Jonas, posait des questions. J'en posais, moi aussi, mais peut-être me refusais-je à reconnaître les présages de la catastrophe. En réalité, mes parents avaient l'intention de prendre la fuite, ce que je ne compris que plus tard.
Ils n'ont pas pris la fuite. Nous avons été arrêtés.
 
Je trouve ce début bien prometteur. On rentre rapidement dans le vif du sujet et c'est très bien écrit. Des phrases percutantes montre la gravité de la situation. Ainsi je suis rentrée très vite dans l'histoire avec la hâte de savoir comment tout ça va se terminer. Je suis comme ça, moi! Quand il arrive des choses affreuses à des personnages, je continue la lecture pour voir comment tout va finir (si possible avec un happy end).
 
La structure du récit est assez dynamique. Les chapitres sont tout petits et parfois, la narratrice insère des épisodes de sa vie passée. Ces épisodes sont toujours en lien avec ce qu'elle vit dans le récit. Cela fonctionne un peu par association d'idée. Et Lina nous montre des moments qui nous en apprenne plus sur elle, sur sa vie d'avant, sa vie de jeune fille insouciante, mais aussi sur des moments qu'elle ne comprenait pas sur le coup mais qui nous donne à voir des bribes de résistance lituanienne. C'est vraiment  bien construit et ça permet aussi au lecteur de sortir du quotidien vraiment lugubre de la jeune fille. Ces passages sont comme une oasis où le lecteur peut se reposer de tous les malheurs qui frappent la famille.
 
Lina a 15 ans. Elle est encore une jeune fille mais on voit qu'elle est presque adulte. Elle n'est pas niaise ni naïve. La situation la fait grandir rapidement et ses pensées ne sont pas incohérentes. Elle arrive à prendre sa situation en main, même si elle écoute encore sa mère pour beaucoup de choses. Mais sa mère, quelle dame! C'est une femme courageuse et forte. Elle mène sa famille comme il faut! Elle est cultivée et connaît la langue russe, ce qui permet au groupe d'avoir un aperçu de ce qu'il se passe, voire d'avoir des avantages parfois (mais rarement). C'est le personnage qui m'a le plus touché dans ce roman.
 
Jonas, le petit frère est encore un enfant. Mais à cause de cette déportation, il grandit trop vite. C'est un personnage qui montre à la fois un courage d'adulte mais aussi des peurs d'enfants. Il prend exemple sur Andrius, un garçon de 17ans qui a été déporté dans le même groupe que la famille de Lina. Ce garçon est très secret et Lina ne découvre son vrai visage que bien tardivement. En même temps, la jeune fille est soumise à la colère face aux russes, et à l'instinct de survie qui l'oblige à se méfier de toute le monde. Et la relation entre Lina et Andrius est assez complexe entre méfiance et confiance.
 
J'ai trouvé que certains passages étaient trop long. Parfois je me suis ennuyée. Mais dès que je commençais à me dire que la situation était un peu trop embourbée et qu'il faudrait avancer, l'auteur faisait évoluer la situation. J'aurais bien aimé qu'elle le fasse un tout petit peu plus tôt parfois mais l'important c'est qu'elle le fasse!
 
Sinon, j'ai trouvé cette histoire vraiment intéressante. En fait, ce roman parle d'un sujet qu'on oublie ou qu'on ne connaît pas : la déportation des habitants des pays annexés par l'URSS vers des goulags. On a pu lire maintes et maintes choses sur les déportation des juifs par les allemands, mais sur celles des lituaniens c'est vraiment rare. Il faut savoir que Ruta Sepetys a écrit une fiction avec des personnages inventés, mais en incluant dans son récit des événements, des situations qu'ont vraiment vécus les déportés lituaniens. Elle a fait un gros travail de recherche et de collectes de témoignage. On voit cela dans le roman car tout est vraisemblable (si toutefois autant de cruauté peut l'être...) et si crédible que j'ai parfois cru lire un véritable témoignage.
 
Un roman à lire! On ne peut ignorer cette partie de l'histoire. Personnellement, même si j'étais vaguement au courant des déportations par les soviétiques, je ne connaissais vraiment rien du contexte et des détails.
 
Ce qu'ils n'ont pas pu nous prendre,
Ruta Sepetys,
Gallimard, 2011 (Scripto)

 

2 commentaires:

  1. J'ai beaucoup aimé ce roman, mais tu as tout à fait raison, il y a quelques longueurs ou lenteurs qui auraient pu être dynamisées par l'auteur. Mais de manière générale, en effet, une lecture qui nous en apprend bcp !
    Biz
    Cajou

    RépondreSupprimer
  2. Il est dans ma pal. Et je dois dire que ton avis me donne envie de me le prévoir le mois prochain

    RépondreSupprimer