jeudi 24 mars 2016

Belle Epoque


Voici un livre que je ne voulais pas du tout lire. Mais bon, je m'étais engagée sur la sélection du Code Léa et les autres livres de cette sélection n'étaient pas disponibles à la médiathèque. Du coup, je me suis penchée de plus près sur ce roman. 

En fait, je n'avais été curieuse car je n'aime pas la couverture et Sia d'Encres et Calames l'avait abandonné! Mais j'ai découvert que c'est une adaptation d'une nouvelle de Zola, qui se trouve à la fin du livre et qui propose une histoire assez intéressante.

Maud arrive à Paris après avoir quitté sa Bretagne natale où son père voulait la marier à un homme qu'elle n'aimait pas. Se trouvant vite désargentée, elle postule dans une étrange agence qui propose aux clientes de louer les services de filles laides pour rehausser leur propre beauté.

Premières phrases: 

 -- Parfaite, tout simplement parfaite. 
Le petit bonhomme bedonnant me scrute sous tous les angles. Son gros ventre menace de faire sauter les boutons de son gilet. M. Durandeau, j'imagine, même s'il n'a pas eu la politesse de se présenter. Il tourne autour de moi tandis que je reste pétrifiée au milieu du salon. 

Le livre est fait de telle façon qu'on ne trouve la nouvelle de Zola qu'à la fin. Sauf que moi, je ne voulais pas du tout lire ce roman sans avoir eu vent de cette nouvelle qui s'intitule Les repoussoirs avant. C'est une nouvelle excellente, très piquante qui ne dit pas du bien de la société de son époque. Car même si c'est une fiction, on peut très bien imaginer ce genre d'agence au XIXème siècle, aussi bien que de nos jours. C'est d'ailleurs ce qu'explique l'auteure dans sa note à la fin du roman.

Je trouvais l'idée excellente! Écrire un roman partant d'une telle nouvelle, qui finalement ne dit pas grand chose des repoussoirs en question, est intéressant. Elizabeth Ross a essayé de broder son histoire autour de l'une d'elle. Alors verdict?

Eh bien, je suis un peu déçue. L'histoire est tellement prévisible en fait. Dès qu'elle a eu sa première cliente, j'ai vu se dérouler toutes les ficelles jusqu'à la fin. De plus un autre problème se pose: l'auteure n'a pas été au bout du sujet. Maude n'est pas une fille laide. Elle la décrit comme étant passable, banale, pas jolie mais pas hideuse non plus. Alors là j'ai été très déçue! Où est l'intérêt? Est-ce pour que les lectrices s'identifient plus facilement à elle? Pour le coup, je vais faire une petite parenthèse:

Dans le roman Les petites reines de Clémentine Beauvais, les trois jeunes filles sont moches. Mais alors, l'auteure n'atténue rien du tout. Elles sont moches et finalement, elles assument! L'histoire tourne autour du regard qu'ont les autres sur elles, de ce qu'elles ressentent. (Et autour de bien d'autres choses aussi). Bref, je ne me considère pas comme une fille moche, ni belle d'ailleurs. Mais dans ce roman, les filles sont humaines et dans leur comportement, j'ai pu me reconnaitre en elles.  

Tout ça pour dire qu'il n'y a pas besoin d'atténuer la laideur de Maude pour que les adolescents s'y identifie. C'est dommage quand même! C'est le sujet même de la nouvelle: pouvons-nous louer la laideur comme nous le faisons avec la beauté?

Bon, à dire vrai, il n'y a pas que du mauvais dans cette histoire. En effet, par ce roman, Elizabeth Ross propose des sujets de réflexion sur l'importance de l'apparence, bien entendu, mais aussi sur l'Art, sur la liberté des femmes à cette époque, sur le mariage, sur le luxe. Des petits débats sont égrainés dans le roman et c'est plutôt intéressant. 

D'ailleurs, ces débats sont souvent des problématiques posées par les personnages. Maude a un gros défaut : elle se laisse facilement hypnotiser par le luxe. Elle réfléchit à de nombreuses reprises par l'argent. Ce n'est pas une fille désagréable et manipulatrice. Elle est même assez naïve et gentille. Mais ce défaut lui donne du relief et la rend plus réaliste. Elle prend de mauvaises décisions car elle est éblouie par le luxe. C'est assez nouveau pour un personnage bienveillant. Bon, finalement, elle va se retrouver coincée par ce défaut et on passe du côté moralisateur du roman... 

Paul, quant à lui, représente le musicien des quartiers populaires, celui qui joue de la musique dans les cabarets où les gens aiment s'amuser et discuter politique autours d'un verre d'absinthe ou de vin. C'est assez "carte postale" dit comme ça, mais ce personnage permet de parler de l'Art. En effet, à cette époque (d'ailleurs encore aujourd'hui aussi), l'Art des élites, des aristocrates s'oppose à l'Art apprécié par les classes populaires. 

Enfin, Isabelle représente la féministe qui ne veut pas passer sa vie à être "l'épouse de", mais qui vient faire des études scientifiques et s'émanciper de cette société étroite. Elle amène des réflexions sur le mariage et sur le fait qu'il emprisonne la femme ou, au contraire, la libère femme. Isabelle est LE personnage que j'ai préféré. Elle est moderne, elle est complexe aussi. Et c'est pour ça que j'aurais bien aimé avoir son point de vue lors de ma lecture.

Le contexte historique en lui-même n'est pas très développé. Alors oui la Tour Eiffel est en construction mais j'aurais bien aimé voir cette Exposition universelle plus en détail. Au contraire, la société de l'époque, l'étiquette, la façon de vivre des parisiens en cette fin de XIXème siècle sont bien exposées.

Bref, ce roman promettait de bien belles choses, mais la déception est tout de même là.

Puisque je dois donner une note, je lui mettrai 2 étoiles sur 5.

Belle Epoque,
Elizabeth Ross
Robert Laffont, 2013 (R)   

 

3 commentaires:

  1. Ho, tu as été plus patiente que moi ! J'ai adoré la nouvelle mais le début du roman m'a semblé chiant à souhait. Du coup, j'ai lu seulement 2-3 chapitres et j'ai abandonné. Mais je me note Les Petites reines, tiens !

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  2. Bah s'il a été sélectionné pour le Code Léa, il devait pas être à jeter!
    Ouiiiiiiiiiiii les Petites reines!!!!

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  3. Je suis bien d'accord avec ta chronique. Je n'avais pas tellement aimé et de mon côté, c'est principalement la fin à l'eau de rose qui m'a fait complètement décrochée :S

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